Qin, les Héros de l’Empire du Milieu

Qin ou l’épopée des Royaumes Combattants

 Quand on évoque la Chine et son folklore, on pense immanquablement aux moines shaolin et au kung-fu. Il n’en est pourtant pas question dans Qin (prononcer tchin) car la période des Royaumes Combattants, cadre historique riche mais méconnu, précède la fondation du fameux monastère de près d’un millénaire. Mais pas d’inquiétude, tout ce qui fait le sel des wu xia pian¹ répond à l’appel: attendez-vous à vivre des aventures épiques avec des héros capables d’exploits hors du commun…

 En l’an 881 de la Dynastie Zhou², dont la lignée est éteinte depuis une quinzaine d’années, sept royaumes se partagent les restes de l’ancien empire. Le plus puissant d’entre-eux est le Qin et son ambition est de réaliser le Tiàn Xia, l’union de tout ce qui se trouve sous le Ciel. C’est une ère de conflits permanents, autant dans les domaines militaires que politiques ou économiques, mais aussi une période de grands bouleversements qui voit l’émergence d’un nouveau modèle de société basé sur une administration puissante, au détriment de la noblesse. Au milieu de ce tumulte, des individus exceptionnels vont se révéler et faire l’objet de toutes les attentions, pour un jour peut-être entrer dans la légende.

 Dans Qin, vous incarnez une de ces personnes exceptionnelles capables de puiser dans l’énergie primordiale, le Chi, pour accomplir des prouesses telles que tenir en équilibre au sommet d’un arbre ou se fondre dans les ombres. Mysticisme et surnaturel occupent d’ailleurs une place importante dans les royaumes combattants, de l’alchimie à l’exorcisme en passant par le fengshui³, et s’y intègre harmonieusement grâce à une relecture mythique des évènements historiques basée sur le Taoïsme, courant de pensée religieux et philosophique popularisé (entre autres) par Lao Zi dans son ouvrage Dao De Jing. Le fantastique ne donne donc jamais l’impression d’être une pièce rapportée, bien au contraire.

 Cette volonté de cohérence se retrouve également dans le système de jeu de Qin, lui aussi fortement teinté de taoïsme. Par exemple, le personnage est défini par des caractéristiques (les aspects) qui font directement référence aux éléments primordiaux qui constituent l’univers: le Feu, le Métal, le Bois, l’Eau et la Terre. Ou encore le nombre de points de Chi d’un personnage est calculé en fonction d’une harmonie entre ses aspects: plus ils tendent vers l’équilibre, plus le Chi est important. Mais le plus flagrant reste le recours au dé Yin/Yang pour résoudre les tests: on fait la différence entre deux dés à dix faces (l’un blanc l’autre noir, ça ne vous rappelle rien?) et un résultat exceptionnel se produit en cas de double.

Pour faire court, Qin vous propose de vous plonger dans une Chine mythique aussi méconnue que fascinante, bien que parsemée de références qui nous semblent étrangement familières. C’est là sa grande force : proposer un cadre original, avec un système intimement lié à l’univers, sans pour autant noyer le néophyte sous des termes, des concepts ou une imagerie totalement étrangère. De plus, les mécaniques de jeu retranscrivent parfaitement l’esprit des films chinois qui ont (sans l’ombre d’un doute) inspiré les auteurs de Qin et permettent de magnifiques mises en scène pour les séquences d’action. Si vous aimez faire rimer héroïsme et exotisme, laissez-vous tenter par ce petit bijou de création française…

 Qin, Les Royaumes Combattants est un jeu de rôle de Florrent, Neko, Romain d’Huissier, Kristoff et Pierre Buty, édité par 7ème Cercle ; à noter que la plupart des ouvrages de la gamme (dont le livre de base) sont uniquement disponibles au format numérique