Review de Homeland – Saison 4

La saison 3 de Homeland n’avait pas forcément fait l’unanimité, notamment à cause d’intrigues secondaires qui n’avaient aucun impact sur l’histoire principale et, il faut le dire, aucun intérêt pour le téléspectateur. Je pense bien sûr à la relation entre la fille de Nicholas Brody (Damian Lewis), Dana (Morgan Saylor), et Leo (Sam Underwood). Cette saison avait tout de même révélé quelques surprises avec, entre autres, le double jeu de Carrie Mathison (Claire Danes) avec des terroristes iraniens, et, bien entendu, la mort tragique de Nicholas Brody. Bref, une saison d’on on ressortait avec un sentiment mitigé, et qui ne laissait pas augurer forcément du très bon pour cette 4ème saison.

Homeland – Saison 4, coucou les drones

Dans cette 4ème saison, on retrouve Carrie Mathison, chef de station de la CIA en Afghanistan qui, grâce à des informations provenant de Sandy Bachman (Corey Stoll), chef de station – cette fois-ci au Pakistan -, entreprend de bombarder avec un drone ce qui semble être le repère d’un dangereux terroriste, Haissam Haqqani (Numan Acar). Un temps ravi du succès de l’opération, l’équipe de la CIA se retrouve bientôt sous les feux de la colère des Pakistanais car, dans l’attaque, 40 civils sont tués alors qu’ils étaient rassemblés pour un mariage. C’est le début des ennuis pour les instances américaines siégeant au Pakistan, mais aussi pour Aayan Ibrahim (Suraj Sharma), le neveu de Haqqani ayant survécu au bombardement.

Le premier « double-épisode » de la saison nous emmène dans le vif du sujet avec ce bombardement qui sera le point déclencheur d’une saison tendue, bien plus tendue que les 3 précédentes. D’ailleurs, Corey Stoll, guest-star de cette saison, en fera rapidement les frais.

Au fur et à mesure des épisodes, on se rend compte que cette saison revient aux sources de ce qui a fait la réputation de la série lors de sa première diffusion en 2011: une écriture intelligente avec un scénario alambiqué rempli de chausses-trappes, de trahisons, de coups tordus, de meurtres et d’une vision des Etats-Unis pas forcément la plus glorieuse.

On ne peut que se ravir d’un travail sur le scénario qui nous fait rapidement oublier la saison 3, et nous passionne jusqu’au bout avec des intrigues à tiroir extrêmement bien amenées, malgré quelques incongruités scénaristiques (notamment le fait que les personnages principaux s’en sortent généralement rudement bien…).

En passant, la diffusion de cette saison 4 a provoqué un tollé au Pakistan, les instances gouvernementales du pays n’ayant pas forcément apprécié la vision que donnait Homeland de leur patrie. Villes où règnent une insécurité omniprésente, habitants violents et vouant une haine aux Etats-Unis, bâtiments insalubres… Bref, un portrait peu reluisant de ce pays, notamment concernant la ville d’Islamabad, montrée comme un no man’s land où l’anarchie et l’ultra violence prédominent.

Ces mêmes instances ont aussi dénoncé le traitement apporté à la description de leurs services secrets (ISI), dépeints ici comme entretenant des liens assez flous avec les terroristes, dont Haissam Haqqani.

Si le Pakistan n’est pas forcément mis en valeur, on ne peut pas dire que les Etats-Unis s’en sortent mieux. On peut dire ce que l’on veut du travail des producteurs de la série sur leurs recherches géopolitiques et démographiques concernant le Pakistan, mais il faut souligner que les Etats-Unis ne sont pas plus mis en valeur dans cette saison 4. Cet exemple du bombardement par un drone de civils (les drones seront d’ailleurs un des sujets centraux de cette saison) en est une cinglante illustration. Mais les intervenants américains dans l’histoire se trouveront face à bien d’autres problèmes, qu’ils soient stratégiques, relationnels ou moraux, démontrant la fragile institution que peut constituer la CIA…

Un casting toujours au top

Carrie Mathison is back ! Et ce n’est pas trop tôt ! Après une saison passée la « moitié » du temps dans un lit d’hôpital, à enchaîner crises de panique et de colère, le personnage de Claire Danes reprend les « armes » et son interprète prouve une fois de plus qu’elle mérite amplement d’être nominée aux Golden Globes 2015 pour le titre de meilleure actrice dans un drama ! Ce personnage alambiqué est toujours passionnant, quoi que déroutant par moment, ceci étant en partie dû bien entendu à sa bipolarité.

En parlant de Carrie, on ne peut pas omettre Rupert Friend, interprétant Peter Quinn, membre des forces spéciales de la CIA, qui entretiendra une relation « compliquée » avec Carrie Mathison. Présent lors de la précédente saison, les producteurs ont travaillé son personnage afin de lui donner plus de consistance pour en faire, à l’instar de Carrie, un personnage complexe, torturé par ses démons, par les pires atrocités qu’il ait pu commettre.

On retrouve bien entendu un autre rôle emblématique du show, en l’occurrence Saul Berenson avec le toujours très juste Mandy Patinkin même si ce dernier aura moins d’impact « décisionnellement » parlant, même s’il sera le point central de l’histoire à un moment donné. D’ailleurs, avec certaines scènes que ne renierait pas un certain Rambo, on sera surpris de sa condition physique alors qu’il se trouve en fâcheuse posture…

Le « méchant » de cette saison, Haissam Haqqani, ressemble fortement à Abu Nazir, et c’est peut-être un des points faibles de cette saison, et peut-être de toute la série, ce peu de « réussite » à nous fournir des bad guys qui, bien que terrifiants et sans pitié (cela prouve qu’ils sont bien interprétés), ne sortent jamais vraiment du lot. C’est dommage car, malgré tout le bien que l’on peut dire de cette saison 4, malgré tout l’intérêt qu’elle procure, et bien, une saison de Homeland ressemble de plus en plus à une autre saison de Homeland…

Voilà peut-être le reproche que l’on pourra faire, ce manque « d’attachement » au show, alors que les personnages semblent pourtant de mieux en mieux travaillés. Même si j’ai eu grand plaisir à suivre cette saison, à serrer mon doudou plein de bave à chaque situation tendue, à chaque retournement scénaristique, à chaque fois que Carrie prenait sa petite Frannie dans les bras (vous comprendrez…), chaque saison suit globalement la même trame scénaristique, c’est bien dommage.

Reste que si vous êtes un fan de Homeland, vous ne serez absolument pas déçus par ce renouveau du show qui enterre définitivement toutes les médisances qui avaient pu êtres dites sur la saison 3 (mais qui ne méritait pas le qualificatif de « mauvais » comme j’avais pu le lire ça et là…).

La saison 4 de Homeland a été diffusée pour la première fois sur Showtime le 5 Octobre 2014 et se compose de 12 épisodes.