La Naissance 05
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300: La Naissance d’un Empire ou l’ombre des spartiates

300: La Naissance d’un Empire mérite-t-il le Tartare¹?

  Mettons toute de suite les choses au clair: La Naissance d’une Empire ne peut prétendre se hisser à la hauteur de son illustre prédécesseur. Noam Murro n’est pas aussi talentueux que Zack Snyder, Sullivan Stappleton n’est pas aussi charismatique que Gerard Butler, la victoire de Salamine n’a pas la résonance épique et dramatique que la défaite des Thermopyles… la liste est longue. Ceci posé, le film est-il aussi mauvais que certains le disentLa Naissance 01

300: La Naissance d’un Empire semble être un sous-produit qui tente maladroitement de reproduire le concept de son aîné en déplaçant l’intrigue de Sparte à Athènes. Il suffit pourtant de regarder l’introduction pour comprendre que les enjeux sont différents: on revit la bataille de Marathon par les yeux du général athénien Themistocle (Sullivan Stapleton), une mêlée confuse dont l’issue est déterminée par un flèche. Le personnage principal n’est présenté à aucun moment comme le guerrier invincible et le leader charismatique qu’est Leonidas (Gerard Butler) dans 300, qui au détour de deux plans iconiques tirés du premier film marque cette différence de traitement.

La Naissance 002 A l’image de son héros, qui sait que la victoire contre le roi perse Xerxes (Rodrigo Santoro) dépend de Sparte, La Naissance d’un Empire assume son statut de faire-valoir du film de Snyder en évitant la glorification à outrance des athéniens. Par leur représentation (bleu terne contre rouge vif pour les spartiates) ou leur discours (« Nous ne sommes que des paysans »), aucun doute ne plane sur leur rôle de second-couteaux au point que les personnages secondaires sont à peine esquissés. Même Themistocle se fond dans la masse des spartiates lors de leur ralliement final, devancé dans l’assaut par la reine Gorgo (Lena Headey) et l’unique survivant des Thermopyles, Dilios (David Wenham).

La Naissance 003 Reste que, selon Hitchcock, meilleur est le méchant, meilleur est le film. La Naissance d’un Empire s’offre une némésis de choix en la personne d’Artemise, interprétée par une Eva Green très inspirée. l’amiral en chef de la flotte perse est un personnage complexe, qui veut se venger de le Grèce à plusieurs titres, quitte à manipuler son propre roi pour en faire l’instrument de sa quête personnelle. Fascinante, redoutable et déterminée, elle est le parfait contrepoint de Themistocle et le pousse à se révéler à lui-même, leur confrontations se déroulant loin des regards indiscrets. Artemise, tourmentée par des émotions puissantes et contradictoires, aurait pu sombrer dans la caricature sans le talent de son interprète qui lui apporte la subtilité et l’élégance qui sied à un adversaire inoubliable.

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La Naissance d’un Empire souffre d’une mauvaise comparaison avec 300, dont il n’est pas une médiocre redite mais un parfait complément. En choisissant volontairement de rester dans l’ombre des spartiates, le film de Murro trouve sa place dans l’histoire en montrant comment le sacrifice de Leonidas a permis à la Grèce de s’unir contre un ennemi aussi féroce sur terre qu’en mer. Tout comme Themistocle qui verra son rêve d’unité s’accomplir sans reconnaissance, La Naissance d’un Empire ne sera jamais aussi vénéré que peut l’être 300, tout en donnant plus de force et d’éclat à sa légende.

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¹ Tartare: dans la mythologie grecque, royaume des Enfers où les plus grands criminels expient leurs fautes pour l’éternité

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