Kuro une
photo par Ludovix McGyver
Geek

Entretien avec un Cosplayer : Kuro versus Wild

Pour ce deuxième Entretien avec un Cosplayer, TAG voit les choses en grand car cette fois-ci nous avons la chance de recevoir un duo de cosplayeuses : Kuro versus Wild. Ne vous inquiétez pas, derrière cette dénomination un rien martiale se cachent émulation et synergie donc peu de chance d’en perdre une en cours d’interview. Enfin je l’espère…

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photos par ManuDragon Photo, Hard Shots et Tamago Studio

 

Bonjour Kuro et Wild. Pouvez-vous nous parler un peu de vous et de vos parcours dans l’univers du cosplay ?

Kuro: Nous avons commencé les conventions ensemble en 2004 en région mâconnaise. J’ai commencé mon premier vrai cosplay en 2004, Sakura de Naruto, cousu à la main avec l’aide de ma grand mère, sauf que je n’avais pas de perruque. J’avais 16 ans et je n’avais pas internet, je ne savais pas ce qu’était eBay… ça date. Ensuite j’ai trouvé une affreuse perruque rose dans un magasin de déguisement: ça ressemblait à un animal mort fluo mais on fait tous des erreurs au début! Ensuite on a intégré l’équipe d’organisation d’une petite convention.

Wild: Personnellement dans ces premières conventions j’étais plutôt en custo¹ pour être dans l’ambiance, mais c’était surtout le côté organisation qui me plaisait le plus. Personnellement, je considère que je n’ai vraiment commencé le cosplay que pour l’Epitanime 2012. Je voulais faire la surprise à Kuro qui venait sur Paris pour cette convention et venir en San de Princesse Mononoke. Je n’avais pas prévu de me prendre au jeu par la suite.

Kuro: Moi ça m’arrange qu’elle se soit prise au jeu, j’étais toute contente de sa surprise! En fait non, surtout que maintenant faut que je la supporte encore plus souvent, mais depuis 1999 je m’y suis faite. Wild est vieille, les perruques de cosplay c’est pas pour le style, c’est pour cacher ses cheveux blancs!

Wild: Techniquement en commençant en 2012 je suis une jeunette de la pratique (on se rassure comme on peut).

Avez-vous un personnage fétiche que vous aimez particulièrement incarner ? Pour quelles raisons ?

Wild: Quand j’aime un personnage ou même un univers, j’ai tendance  à vouloir faire plusieurs costumes. Je suis un peu monomaniaque, surtout avec Daenerys de Game of Thrones ou encore Deedlit des Chroniques de la Guerre de Lodoss. Le fait de créer plusieurs tenues est souvent lié au fait d’aimer le caractère du personnage, sinon ça sera juste un one-shot car j’ai aimé l’esthétique d’un costume (ou alors parce que ce personnage n’a qu’une seule tenue).

Kuro: J’ai un peu le même souci avec mes séries fétiches Mai HiME et Mai Otome, et avec Cassandra de Soul Calibur. J’ai dépassé les 35 costumes et il y a pas mal de personnages qui reviennent avec amour sous ma machine à coudre. L’avantage, c’est que même si nos personnages ne vont pas souvent ensemble, nous sommes passées pros avec Wild des prestations croisées rigolotes pour arriver à rapprocher des gourdasses et des brutasses qui ne viennent absolument pas du même univers.

Wild: Il est vrai qu’à bien y regarder, on a des types de personnages qui reviennent souvent. Je fais rarement des personnages enfantins ou mignons car je trouve que ça ne me va pas et que je ne suis pas crédible. Mon vrai type de personnage, c’est celui qui ne sourit pas!

Kuro: Alors que moi en méchante ou en fille mature et sérieuse, c’est juste impossible. Du coup on est très complémentaires. J’attire les pervers de convention avec mon attitude mignonne et souriant, et Wild les tabasse à coups de hache: du travail d’équipe.

 

D’après votre expérience, quel est le cliché le plus récurrent concernant le cosplay et ceux qui le pratiquent ?

Wild: L’immaturité très certainement, parce que les gens imaginent tout de suite les déguisements d’enfant et ont parfois du mal à comprendre le plaisir qu’on peut avoir à incarner un personnage. Je suis encore étonnée de voir des gens réellement penser qu’on peut porter nos cosplays dans la vie de tous les jours… (Note de Somy: en tant que rôliste et GNiste², j’aurais pu dire quasi mot-pour-mot la même chose)

Kuro: Clairement, le cosplay est victime d’une mauvaise image: gamins, cas sociaux, attardés, et les émissions télévisées nous enfoncent à chaque diffusion. Je pense que ça défriserait les journalistes de savoir que j’ai un bac+6, un travail et que Wild est en fin de master 2… Beaucoup de nos amis cosplayeurs sont dans le même cas, entre 25 et 30 ans avec un haut niveau d’étude, un emploi et une vie « normale », mais c’est beaucoup moins vendeur pour la télévision.

Quel est votre meilleur souvenir de cosplayer ?

Wild: c’est un petit peu dur d’en garder un seul car on a beaucoup de bons souvenirs: je dirais globalement que ce sont les passages sur scène où on sent le public réactif, les délires entre amis dans les vestiaires et surtout le gros resto post-convention! Une chose qui m’avait beaucoup touchée quand je portais mon premier cosplay de Mononoke Hime à Epitanime,  c’est une fille qui est venue me voir et m’a joué le thème du film à l’ocarina.

Kuro: La bouffe c’est important! Disons que c’est un tout, Wild a raison. Le passage sur scène est primordial, on se fiche de gagner ou pas: on est ravies quand nos prestations ont plu, quand nos vannes (souvent douteuses) ont marché et que le public a ri, surtout quand on est organisatrices et qu’on présente nos prestations du staff au Dijon Saiten. J’ai aussi de très bons souvenirs dans mon costume de Cendrillon, lorsque des petites filles sont venues me voir les yeux brillants pour faire des photos avec moi.

Nous avons aussi de mauvais souvenirs: mauvaise organisation de la convention, problèmes techniques… Durant une convention lyonnaise, nous avons été privées de son: aucun retour sur scène, le public n’entendait rien et nous non plus. Impossible de faire une prestation comique dans ces conditions et les organisateurs ne nous ont même pas proposé de repasser lorsque le souci a été réglé. C’est frustrant de bosser sur un costume et un sketch pendant plusieurs semaines pour ne pas pouvoir le présenter.

Wild: C’est vrai que les gros ratés sur scène ne sont jamais bien agréables, de même que les attentes vraiment trop longues en vestiaire dans un costume inconfortable.

Kuro 03

photos par Wild, Sébastien Lengelé et Hephy’nalment Cosplay (pour les deux dernières)

 

Si l’un de nos lecteurs désire se lancer dans le cosplay, quels conseils pourriez-vous lui donner ?

Kuro: Fuyez pauvres fous! Ok c’est de Gandalf, pas de moi. Plus sérieusement je pense que je conseillerais aux gens de faire ça avec des amis proches et dans des petites conventions de province pour commencer en douceur. D’apprendre à coudre et à bricoler petit à petit plutôt que de se lancer dans des défis démesurés qui risquent de vite les décourager. Je leur conseillerais aussi de ne pas prendre la grosse tête, comme certains qui oublient que le cosplay est un loisir et que même si il y a des concours, il faut garder un bon esprit et chercher le fun plutôt que la gloire.

Wild: Idem, une bonne bande d’amis c’est quand même le mieux et commencer avec un costume simple mais que l’on pourra soigner dans les choix de matériaux comme dans les finitions, histoire d’en être réellement content et de ne pas le classer quelques années plus tard en « costume de la honte ». Ne pas hésiter à chercher sur le net car il existe  de nombreux tutoriels accessibles ou encore demander autour de soi auprès d’amis bricoleurs ou habitués à coudre.

Enfin, où peut-on admirer votre travail sur le net et à quelles manifestations aura-t-on l’opportunité de vous rencontrer cette année ?

Wild: Nous tenons donc une page facebook toutes les deux pour le meilleur et pour le pire et nous avons chacune notre page deviantART: fairyTinga pour Kuro  et Wildyama pour Wild.
De mon côté je vais à Japan Expo pour les 5 jours (NdS: à l’heure où vous lirez ces lignes, vous n’aurez plus que le dimanche pour espérer rencontrer Wild), folle que je suis, je passerai sans doute à Harajuku si je suis à Paris à ce moment là, et aussi à Anim’est ou Paris Comics Expo, peut être au TGS si je le peux, et bien sûr au Dijon Saiten en esclave dévouée à ma présidente!

Kuro: J’aime quand tu m’appelles comme ça. Oui je suis présidente de Kabuki Cosplay,  l’association cosplay qui organise les concours cosplay du Dijon Saiten. Je suis pour ma part allergique aux grosses conventions parisiennes depuis plusieurs années, mais je serai à Harajuku, au Dijon Saiten et à Anim’est cette année. Le reste dépendra du travail mais je gère des animations cosplay tout l’été en partenariat avec un cinéma de Dijon: pas de repos pour les braves!

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photos par Jean-Noël Portmann et (crédit manquant – n’hésitez pas à nous contacter pour compléter)

 

 
¹ custo: vêtements personnalisés dans le but d’évoquer un personnage ou une œuvre sans être un costume au sens strict du terme. Le DisneyBound est un exemple de cette pratique.
² GNiste: pratiquant de jeu de rôle Grandeur Nature, une variante du jeu de rôle traditionnelle où l’aventure est vécue en live. Pour de plus amples informations, rendez-vous sur le site de la FédéGN
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