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Test jeu vidéo – Past Cure (Playstation 4) : une sortie de cure prématurée

Qu’est-ce que le rêve, si ce n’est le reflet obscur de nos désirs les plus enfouis, affranchis des barrières du réel ? Qu’est-ce que le cauchemar, si ce n’est un cri de détresse surgi des profondeurs de notre esprit ? Le sulfureux Sigmund Freud affirmait, lui-même, que « l’interprétation des rêves est, en réalité, la voie royale de la connaissance de l’inconscient ». Alors quand un petit studio indépendant, du nom de Phantom8, décide de sortir un soft aux allures de AAA, on se dit que ses développeurs se surprennent à fantasmer un monde, où les boites au budget ric-rac peuvent se permettre de concurrencer les grands de ce monde. Ambition utopique ! s’écrient les mauvaises langues ; Que nenni ! rétorquent les dev’ Allemands. Ces derniers l’affirment sur leur site, Past Cure est un séduisant mélange de Thriller horrifique, d’action et d’infiltration. Pourtant, et malgré cette grandiloquence apparente, le rêve peut vite basculer dans des limbes cauchemardesques. La preuve.

Quoi ? Tu veux dire que ce jeu n’est pas réel ? Ouf…

Vous là… Oui, vous là, au fond ! Vous qui brandissez votre carte bleue en pensant tenir la suite spirituelle d’Alan Wake ; rangez votre attirail au fin fond de votre falzar, il n’en est rien ! Sur le papier, Past Cure a tout pour être un TPS horrifique alléchant, mêlant à l’action des phases d’infiltration. Cependant, s’il met en avant une ambiance vaguement proche de son cousin éloigné, de par son ambiguïté entre onirisme et réalité, la comparaison s’arrête là.

Le jeu nous met dans la peau de Ian, un ancien soldat aux pouvoirs psychiques et au passé bien trouble, qui navigue entre cauchemar et monde réel. Tourmenté et partiellement amnésique, il se lance dans une quête de vengeance, qui l’envoie à la poursuite d’une multinationale menant des expériences à l’éthique plus que douteuse.

Oh les vilains !

Boring as fuck

C’est grâce à un interminable didacticiel (qui s’étend sur près d’1/3 de l’aventure, bigre !), que l’on apprend à contrôler notre héros. Celui-ci dispose de deux super pouvoirs : celui de ralentir le temps – idéal pour prendre l’avantage dans des gunfights musclés – ainsi que celui qui lui permet de se décorporer et de court-circuiter certains appareils électriques, comme les caméras de surveillance, mais aussi les… les… Ben c’est tout en fait, juste les caméras. Et c’est là le premier mal dont est atteint Past Cure : son manque de profondeur.

Regarde maman, je vole !

Bien vite, on se rend compte que le jeu de Phantom8 s’enferme dans une répétitivité nauséeuse à cause de mécaniques de Gameplay peu approfondies ; sentiment renforcé par un level design raté qui ne se renouvelle jamais ou presque. Un schéma s’installe alors : on entre dans une pièce, on se cache derrière un mur, on désactive une caméra s’il y en a une, et on tente de se faufiler discrètement. Et je précise bien « on tente », car, bien souvent, la manière forte prend le dessus sur l’élégance de la discrétion. Effectivement, à part péter des caméras, ralentir le temps et s’accroupir, Ian ne sait rien faire. Il n’a, semble-t-il, jamais appris à déplacer les cadavres pour les planquer (les méfaits de l’arthrose ?) et ne peut pas envoyer un leurre pour divertir les (nombreux) méchants. Alors on finit par sortir ses gros flingues, en se résignant à foncer dans le tas.

Hihi, ils ne me voient pas !

Le problème, c’est que les gunfights ne sont guère plus passionnants que les phases d’infiltration, la faute au handicap psychomoteur de Ian qui ne lui permet ni de sauter, ni de se mettre à couvert efficacement. On se contente alors d’abuser de ses pouvoirs (limités dans leur utilisation par une barre de santé mentale) et d’aligner les headshots avec les quatre pauvres armes que Past Cure met à la disposition de notre protagoniste (il n’y a, par exemple, pas de grenade). On peut ajouter à cela une IA chancelante, avec des ennemis qui ont la fâcheuse tendance à faire dépasser leur tête de leur couverture, mais aussi à nous foncer dessus comme des excités dès qu’on disparaît de leur champ de vision, et on obtient des combats rigides et sans intérêtsBien sûr, le passage dans le monde des rêves apporte un peu de fraîcheur, en amenant une ambiance Survival/Horror bienvenue ; mais là encore, les énigmes à la facilité enfantine et la direction artistique sans saveur ne permettent pas de rattraper le coup. Past Cure n’est pas non plus aidé par sa plastique médiocre, avec des animations (notamment faciales) préhistoriques et un chara-design risible, qui donne l’impression d’affronter des clones.

Seuls les antagonistes sans costard vous fonceront dessus pour vous mettre des grandes claques dans la tronche. Sûrement une question d’aérodynamisme.

Une écriture qui ne sauve pas les meubles

Les plus indulgents d’entre vous crieront haut et fort que la jouabilité et les graphismes ne font pas tout, tant que le scénario donne au joueur une certaine ivresse. Sauf que, une fois n’est pas coutume, Past Cure échoue en contant une histoire téléphonée parsemée de nombreux clichés, qui tente tant bien que mal d’entretenir un flou entre rêve et réalité ; tandis que la narration présente un sérieux problème de rythme dans sa mise en scène. Ajoutez à cela des personnages au charisme incertain, un voice-acting irrégulier, ainsi qu’une palanquée de bugs plus ou moins drôles et vous obtenez un jeu à l’effet diurétique malheureux. Finalement, seules quelques trop rares cinématiques arrivent à sortir du lot, aidées par des mélodies classiques qui s’avèrent agréables à l’oreille ; mais pour cela, c’est Beethoven qu’il faut remercier.

Heu…

Notre avis final sur Past Cure

Mauvais et desservi par son ambition démesurée, Past Cure ne laissera pas de traces indélébiles dans l’esprit des joueurs. À force de vouloir jouer sur plusieurs tableaux, Phantom8 a fini par livrer un jeu inabouti qui aurait gagné à s’inspirer de ses nombreux aînés : Metal Gear Solid pour l’infiltration ; Max Payne pour l’action ; Silent hill pour le versant horreur. Que des jeux sortis il y a plus de quinze ans et qui ont su faire mieux que ce Past Cure, qui réussit, en revanche, bien à nous transporter dans un cauchemar vidéoludique.

Les plusAehm… la musique ?

Les moins : Le level design foireux / Chara-design raté / Scénario cliché et peu profond / Gameplay chiant comme la pluie…

[alert type=red] Fuyez ! [/alert]

[alert type=white] Testé à partir d’une version commerciale sur Playstation 4. Jeu terminé en environ 4 heures. Captures d’images réalisées par moi-même. [/alert]

 

Fiche du jeu

Titre : Past Cure
Style : TPS/infiltration
Développeur : Phantom8 (Allemagne)
Éditeur : Phantom8
Sortie : le 23 février 2018
Plateformes : Ps4, One, PC
Prix : 29.99€ sur PC
Langues : textes en français et voix en anglais
Site officiel : https://phantom8.studio
Informations à jour au 26 février 2018

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