Wake Up America : Lutter pour ses droits

Wake Up America : Lutter pour ses droits.

 Ces derniers mois, aux informations américaines, resurgissent des clivages « raciaux » que l’on pensait, naïvement pour ma part sûrement,  si pas enterrés au minimum moins violents qu’à une époque et que le gros de la lutte pour les droits civiques de tous les individus était loin derrière nous. Or il semble qu’il ne faille pas abandonner la lutte et qu’au contraire elle doit être de chaque instant.

Dans « Wake up america« , paru chez Rue de Sèvres, on suit la vie de John Lewis, un jeune activiste à partir des années 40 qui a participé, avec d’autres, à des actions pacifiques pour que les gens de couleur soient, légalement, l’égal des WASP. Dans le premier tome, la lutte se focalise sur le fait de, simplement, être servi dans des restaurants. C’est vrai quoi de plus « naturel » que de rentrer dans un restaurant, de commander quelque chose et de vouloir le payer! Eh bien dans certains états, on préfère perdre du chiffre d’affaire que de servir des « nègres » (dixit l’album). La méthode de John Lewis est des plus pacifiques. Les premières fois ils entrent dans le restaurant, commande, sont refoulés, ressortent. Puis ils passent à l’étape où ils restent assis, sans bouger en attendant d’être servis. Et l’on se rend compte de la violence des gens qui font l’opposition, qui veulent rester dans un monde où « le blanc est supérieur ». Ces actions prendront du temps mais s’avéreront efficace et John gagnera en notoriété.

Dans le tome 2 (entre 1960 et 1963) on se focalise sur la lutte qui se met en place pour les transports. En effet, blancs et noirs ne peuvent pas prendre les mêmes lignes de bus, surtout dans certains états. Leur mouvement, s’il est toujours pacifiste, générera une violence extrême qu’il est difficilement imaginable. Cette scène, où John et ses compagnons de lutte sont bloqués dans un bus, que des extrémistes encerclent, pendant des heures en occultant toutes les fenêtres les laissant dans le noir total sans repère de temps et de ce qui se passe autour, cette scène donc, est tout bonnement étouffante.

En parallèle on assiste à l’ascension politique de Mr Lewis qui sera parmi les orateurs du fameux 28 août 1963 où Martin Luther King Jr a fait son fameux discours commençant par « I have a dream« . Car John Lewis est un contemporain de Messieurs Luther King Jr et Malcolm X, certes ils avaient des méthodes et des discours plus ou moins différents, mais ils se battaient pour une même cause.

« Wake Up America » est une biographie de John Lewis qui associé à  Andrew Aydin a voulu laisser aux générations futures le récit d’une lutte qui était loin d’être gagné d’avance mais qui, en utilisant des méthodes pacifiques et avec force patience paie.

Au dessin Nate Powell a un trait soigné, utilise un découpage classique, arrive à bien renforcer les moments dramatique et les personnages emblématiques sont bien représentés.

« Wake-up America » est une manière « simple » d’appréhender des événements compliqués, par moment on peut se perdre dans les énoncés des différentes factions politiques mais globalement cela reste clair à la lecture. Et savoir que cette personne, John Lewis, a mené cette lutte pour les droits des Afro-Américains et qu’il continue cette lutte en tant que collaborateur de Barack Obama, c’est très impressionnant et force le respect.