Hard West
Jeux vidéo

[Review JV] Hard West. La dure loi des six coups

Hard West, jeu du studio polonais peu connu CreativeForge Games, est un titre de stratégie au tour par tour dans un monde de cowboys où les démons existent. À travers plusieurs histoires vous allez suivre le récit de différents personnages marqués par des événements surnaturels. Et comme ce titre se base au Far West, la loi du plus fort est celle de ceux qui ont le plus de balles et qui visent le mieux.

Les jeux de stratégie au tour par tour se divisent en plusieurs catégories …

Le titre vous propose une petite dizaine de campagnes reliées les unes aux autres. Une série correspondant à l’histoire de Warren et son père tandis que l’autre suit les aventures d’un inquisiteur voulant éliminer toutes les créatures n’étant pas pures ou à l’image de Dieu. Ces deux scénarios parallèles (vous les faites dans l’ordre que vous voulez) sont plutôt intéressants car ils voguent dans le folklore de la ruée vers l’or avec les croyances vaudou, les Indiens et les Catholiques amenant la parole du Saint Esprit sur le Nouveau Continent par la voie des balles et non des paroles. Chaque histoire se découpe toujours de la même façon : un premier combat pour introduire l’histoire principale puis on enchaine sur une phase semblable à un RPG/Aventure car on peut parcourir une région à la recherche de quêtes ou de marchands pour parfaire son équipement. De temps à autre l’histoire reprend le dessus et nous remet en mode de combat classique. On a malheureusement parfois plus l’impression de lire du texte qu’utiliser son arme.

Test Hard West

… ceux qui racontent une histoire …

Le premier défaut du jeu est sans conteste son histoire. Les développeurs ont eu la bonne idée de laisser les joueurs faire l’histoire dans l’ordre qu’ils voulaient. Sauf que quand on veut raconter une histoire, on se doit de contrôler le récit de bout en bout et ne pas laisser le lecteur ouvrir n’importe quelle page, il y a un ordre (sauf dans les livres dont vous êtes le héros mais l’histoire est tout de même contrôlée). Ici on a donc une dizaine de campagnes d’environ deux heures chacune, certaines reliées entre elles mais par exemple jamais l’Inquisiteur ni Warren vont se rencontrer. Lorsque l’on termine la campagne de l’inquisiteur on s’attend à une suite qui ne vient jamais. De plus la vraie fin du jeu se fait dans la campagne de Warren. Je m’attendais à une ramification de toutes ces histoires car le pitch principal tourne autour de la rédemption, des personnes qui après avoir fait le mal tente de se racheter et d’endiguer le mal apparu sur Terre. Mais non : Cassandra la voyante perd ses pouvoirs et Warren choisit entre l’égoïsme ou le bien de tous. Il y avait de bonnes idées mais ce n’est pas poussé à fond.

Test Hard West

… et ceux qui savent tirer …

Du point de vue du jeu lui-même, CreativeForge est allé pioché chez ce qu’il se fait de mieux en la matière. Hard West ressemble donc beaucoup à XCOM. Chacun son tour, vous et l’IA allez déplacer vos personnages dans une carte en vue 3D isométrique (vue de 3 quarts, du dessus). À vous de bouger vos personnages de façon réfléchie pour éliminer vos adversaires, vous cacher, utiliser l’un de vos nombreux pouvoirs, faire une action classique (soin, etc.) ou tirer. Chaque action majeure (pouvoir ou tir) est régie par un pourcentage de réussite qui change en fonction de la distance, des éléments de couverture, de l’ensoleillement (certains pouvoirs sont uniquement efficaces à l’ombre), de l’arme, etc. Comme tous les jeux de ce genre, vous pouvez effectuer plusieurs actions par tour par personnages (ici il y en a deux), tout en sachant que l’utilisation du flingue vous empêche de réaliser d’autres actions. Les pouvoirs sont l’une des surprises de Hard West. Avant chaque partie vous pouvez attribuer jusque 5 habilités à vos héros grâce à des cartes. Au fur et à mesure du jeu vous allez débloquer des cartes – comme de vraies cartes à jouer, de 9 à as pour cœur, carreau, trèfle et pique – et si vous les combinez suivant les règles du poker vous pourrez débloquer des améliorations. Par exemple, avec une paire, votre personnage pourra se déplacer de 4 cases supplémentaires (les déplacements sont limitées par tour sinon ce serait trop facile).

… toi tu ne sais pas tirer …

Sur le papier Hard West semble classique, un jeu de stratégie au tour par tour réussi, un XCOM avec des six coups. Mais Hard West s’amuse avec les règles. Je l’ai dis rapidement, vous pouvez cacher vos personnages, cela est nécessaire pour éviter de ce faire tirer dessus lors du tour du PC. Sauf qu’avec Hard West la notion de cachette est plutôt floue. Durant les premières heures du jeu, on se retrouve trop souvent surpris par des possibilités de tirs improbables offertes que ce soit pour nous ou l’IA. Les lignes de tir sont trop fantaisistes à tel point que les balles peuvent traverser deux murs et un étage avant se loger dans les omoplates d’un cowboy ou d’un démon. C’est frustrant mais au bout d’un moment on comprend les règles du jeu et on fait avec.

Test Hard West

Autre règle un peu étrange, associé aux cachettes, les demies couvertures. Rien à voir avec les demi d’ouverture du rugby, ici les petites couvertures comme des caisses, tous ces objets qui vous arrivent au niveau du tronc sont utiles pour se protéger (si vous vous faites toucher les dégâts sont moins importants) mais ils ne peuvent pas être franchis. Par exemple, un buisson ne peut pas être sauté, il faut le contourner (et il ne nous protège pas). Alors quand vous avez une rangée de buissons, contourner tout ça devient pénible.

Ensuite, lors du tour de l’IA, certains comportements frisent le ridicule. Privilégiant sa vie plutôt que la victoire, il m’est arrivé de voir des choses aberrantes et de gagner grâce à des erreurs de programmation. Avec un révolver 6 coups classique, vous pouvez faire 4 points de dégâts maximum à un ennemi à découvert alors qu’un personnage caché ne recevra qu’un seul point et la probabilité de toucher est plus mince. J’ai déjà eu des bonshommes à l’agonie se trouvant juste à côté un ennemi. Au lieu de me finir (ce qui aurait engendré un game over), il a décidé de partir se cacher au loin puis a loupé son tir car bien plus éloigné. Et je ne parle pas de ces techniques de sioux qui consistent à m’attirer dans des pièges, à me contourner ou autre car cela n’existe pas, du moins pas en mode de difficulté normale !

Enfin Hard West pêche par le manque de stratégie qui fait le succès de son principal concurrent. Il est impossible d’activer un mode de vigilance (alors que l’ennemi peut) pour tirer automatiquement sur un ennemi qui passerait dans notre périmètre. On ne peut pas non plus activer un mode de défense qui sacrifie notre attaque pour mieux se barricader. Et le mode de préparation tout pété est trop étrange : dans certaines cartes, le combat ne débute pas directement, on peut se déplacer et élaborer une stratégie tranquillement sauf que l’IA souffre d’une grosse myopie tant que l’on ne passe pas dans son cône de vision. En préparation l’ennemi ne voit rien mais en combat il peut se sniper de l’autre bout de la carte !

Test Hard West

… mais pas la peine de creuser ta tombe non plus !

Malgré mon récit essentiellement basé sur les défauts du jeu, je dois avouer que j’ai tout de même pris beaucoup de plaisir durant une bonne vingtaine d’heures. Terminé en difficulté normale, Hard West n’est pas bien difficile mais offre quelques moments de tension. Le jeu aurait gagné à être un peu plus développé, surtout au niveau de son histoire car même si toutes les campagnes apportent de nouvelles choses (certaines vous demandent de gérer la nourriture de votre groupe, d’autres vous demandent de tout détruire voire de tuer une centaine de personnes), elles sont toutes trop peu riches et au moment où cela devient intéressant, c’est terminé. Enfin l’IA et les lignes de vue totalement pétées vont en rebuter certains. Personnellement cela ne m’a pas beaucoup gêné car je ne suis pas un joueur très exigeant pour ce genre de jeu surtout après un XCOM que je n’ai pas terminé à cause de certaines maladresses qui m’ont dégoutées (coucou les tirs à 95% qui ne passent jamais). Si vous n’avez pas peur de ces défauts vous pouvez foncer et vous ne serez pas déçu car les jeux de ce type sont rares sur PC (Hard West est compatible Windows et Mac) et c’est seulement à 20€. Un bon palliatif en attendant XCOM 2.

Je vous laisse avec les vidéos de la campagne entière (faites par votre serviteur) si vous voulez voir à quoi cela ressemble exactement.

Test réalisé à partir d’une version éditeur (version identique à celle vendue), sur Steam (Windows), sur les versions 1.0 à 1.2. Terminé en une vingtaine d’heure en mode normal sans Iron Man. Screenshots anglais donnés par l’éditeur, les autres sont de moi (juste oubliés d’en faire durant mes vidéos …) Jeu tournant à fond, 60 ips constant, sur une configuration i5 4590, GTX 770 2Go et 8Go de RAM.

MàJ du 25/12/2015 : Harmonisation des notes de test JV, les notes sont donc du 10, sans chiffre à virgule + ajout de « coup de cœur » s’il s’agit d’un titre bien aimé par l’auteur (ce que la note ne signifie pas nécessairement). Par xemple ici le 7 montre que le jeu est bon mais pas top mais j’ajoute le « coup de cœur » pour montrer que j’ai kiffé 🙂

Catégories
Jeux vidéo

Élevé à la sauce PlayStation, Thomas est un gamer touche à tout mais qui joue toujours à des anciens titres. Il partage cette passion depuis 2008 et est passé par toutes les cases, du blog à Dailymotion et même la radio pendant 4 ans. Il tente maintenant de faire découvrir ce milieu au plus grand nombre via TechArtGeek ou via des vidéos sur YouTube ou Twitch.

Laissez une réponse

*

*