A Fisherman's Tale
Jeux vidéo

gamescom 2018 – Arte, l’éditeur à surveiller les prochaines années

Chapitre 23 : surprise inattendue côté du salon public

Jeudi, 13 h 30, chez Arte.

Petite présentation avant les jeux

S’il y a bien un éditeur qui fait parler de lui depuis quelque temps sans être reconnu du grand public c’est bien Arte. Pour qui Arte est-il un créateur de jeux vidéo ? Si vous mentionnez ce nom à monsieur ou madame tout le monde, seule la chaîne de télévision ressortira de leur bouche. Idem pour la plupart de la population de joueurs, je pourrais le parier. Chez TAG on sait souvent reconnaître les entreprises qui ont du potentiel dans le monde vidéoludique et Arte n’en est pas à son coup d’essai. Rencontre avec ce créateur d’expériences qui sortent de l’ordinaire.

Cela fait quelques mois que je vois des jeux sortir sous la bannière de l’entreprise franco-allemande. Ces titres dénotent du paysage grâce à des concepts rarement mis en avant comme la culture, l’art ou l’histoire. J’avais eu la chance de rencontrer Adrien Larouzée, chef de projets jeux vidéo chez Arte, durant le Stunfest. À cette occasion, on avait discuté de l’édition mais aussi de Homo Machina, un chouette jeu sur la vulgarisation du corps humain issu des travaux de Fritz Kahn. Depuis, je suis les sorties et dès qu’on m’a proposé de découvrir les projets labellisés Arte à la gamescom, je n’ai pas hésité à réserver ma place.

Vandals - presskit

Le jeudi après-midi, j’avais donc un rendez-vous avec quelqu’un pour me présenter les 3 jeux vidéo emmenés à Cologne. Là je croise une personne que je reconnais (un attaché de presse) qui me surprend en me disant qu’il allait m’emmener dans la partie publique de la gamescom. Ma joie se transforma en peur. Le monde, la chaleur, le bruit, tout cela combiné est une épreuve extrême face au calme de la zone business. « Je connais un raccourci et on te fera passer en priorité », me dit-il. « Ce n’était pas le plan originel, mais je te fais confiance Stef », répondais-je. Fort heureusement, la suite fut une succession d’étoiles dans les yeux.

Vandalisme sur Switch

Vandals est disponible sur mobiles depuis un moment. Une version Switch était donc d’une logique implacable. Cosmografik a créé un titre qui vous met dans la peau d’un vandale armé de bombes de peinture. Votre but est de taguer des murs à la barbe de policiers présents sur chaque tableau-puzzle. À la manière de la saga GO de Square Enix (Lara Croft, Hitman et Deus Ex), vous déplacez votre personnage sur les lignes pré-dessinées et à chaque mouvement, l’IA bouge aussi ses pions. Vous avez des aides pour détourner le regard des flics et les puzzles deviennent de plus en plus durs, surtout si vous cherchez à avoir le plus haut score.

Le truc en plus qu’Arte apporte est son expertise dans la culture au sens général. Le tag n’est pas un simple vandalisme, c’est une culture en soi. Bien sûr certains s’en servent pour dégrader mais majoritairement il s’agit d’une forme d’art comme une autre. De par Vandals, Arte propose une vision de ce mouvement à l’aide de réalisations connues et documentées. Avec Arte, on joue toujours avec le but d’apprendre.

Cette version sur la console de Nintendo ressemble énormément à celle sur smartphone. L’équipe derrière le jeu a tout de même pris l’aisance de s’amuser un peu avec ce nouveau matos pour expérimenter certaines choses. L’ajout majeur se repose sur l’utilisation du capteur infrarouge présent dans les Joy-Con. Comme je le disais, votre but est de taguer un mur. Une fois le support atteint, vous pouvez dessiner ce que vous voulez (c’est en plus facilité avec le tactile). Mais imaginez pouvoir y apposer n’importe quelle forme facilement. En pointant le Joy-Con vers un objet, l’infrarouge détecte ses contours et applique la forme instantanément dans le jeu. On m’a fait une présentation avec une main, c’est encore un peu délicat à faire fonctionner (manque de recul, trop de lumière peut-être) mais c’est impressionnant de simplicité.

Les femmes à l’honneur avec Frankenstein

J’ai enchaîné avec un deuxième jeu sur PC. Une jeune femme me présente un roman interactif qui prend la forme d’un Point & Click, dans l’univers du monstre de Frankenstein. Premier constat, c’est magnifique. Les dialogues sont bien écrits et s’affichent au-dessus de ces personnages qui discutent dans un grand salon. Une femme, Mary, raconte son rêve dans lequel un monstre a pris forme et découvre le monde. À ce moment, on en prend le contrôle. On se balade dans la superbe forêt, on clique partout à la recherche d’interactions. On croise des choses qui font apparaître des émotions à cette étrangeté.

C’est beau, mais je ne comprends pas. Je me tourne donc vers la personne de chez Arte juste derrière moi : « Excusez-moi, mais il y a quelque chose qui m’échappe. Au niveau de la culture littéraire, je suis au ras des pâquerettes (c’est vrai !), Frankenstein était bien un homme qui a créé un monstre ? C’est quoi le rapport avec cette femme et tous ces gens ? » Bien que cela m’indiffère, mon semblant de crédibilité venait de s’enfuir honteusement. Bien sympathique, la présentatrice me répondit : « C’est Mary Shelley, la femme qui a écrit le livre au début des années 1800. » Là, je me suis senti très con, je ne savais pas qu’une femme avait écrit Frankenstein. Décidément, grâce à Arte on en apprend tous les jours !

Frankenstein Birth of a Myth - presskit

Frankenstein: Birth of a Myth sera un titre relativement simple qui racontera principalement les sentiments de cette femme et ce que pourrait imaginer une créature découvrant le monde qui l’entoure. Vous pourrez y faire quelque choix mais cela ne semble pas être l’attrait majeur de ce jeu. J’ai l’impression que le studio La Belle Games souhaite surtout propager un beau discours vis-à-vis de la place des femmes dans la société. Les quelques dialogues de cette préquelle laisse apparaître un message d’égalité bienvenu de nos jours.

Pour accompagner le jeu, un reportage sur Mary Shelley ainsi que la genèse du livre sera diffusé sur la chaîne au moment de Halloween, dans quelques jours donc. Le jeu, quant à lui, devrait arriver l’année prochaine. Ce jeu est encore une belle occasion de parfaire sa culture.

À la pêche aux surprises

Le dernier jeu était celui que j’attendais le moins. Si j’étais resté dans la zone business, on m’avait prévu une présentation à l’aide d’une vidéo 3D. Ce qui aurait largement suffit. L’avantage d’avoir été emmené sur la zone publique est que j’ai pu passer devant toutes les personnes qui attendaient (pardon). À la vue de la queue, A Fisherman’s Tale devait valoir le coup d’œil. Pour découvrir cette expérience en réalité virtuelle, on m’a équipé d’un Oculus et laissé à l’abandon.

J’ai atterri dans une petite cabane de pêcheur. De-ci de-là des objets dans tous les sens. On m’explique qu’il s’agit d’une sorte d’escape game. Aucune indication à l’écran, il faut chercher, essayer ou se laisser guider au son, chose que j’ai découverte que trop tardivement (j’avais mal positionné les écouteurs). C’est donc, une nouvelle fois, une représentante d’Arte qui m’a guidé à travers la démo gamescom.

Avec les manettes Touch, on récupère facilement un tisonnier. On se téléporte ensuite à une fenêtre bloquée par des planches. Les retours haptiques nous font parfaitement ressentir l’emprise du tisonnier sur les clous. Idem quand on les tire pour débloquer les plaques de bois. Et là c’est la baffe. À cet instant, vous découvrez la cabane sous un nouvel angle à travers la fenêtre. En français, on appelle cela une mise en abyme, terme qui n’a pas d’équivalent en anglais par exemple. Imaginez donc interagir avec la cabane qui a une taille différente – c’est la même sensation quand vous filmez un écran qui diffuse le flux enregistré : l’écran est de plus en plus petit – et vous pouvez deviner bon nombre de puzzles possibles que le jeu proposera.

Un peu plus loin dans ce premier niveau, un bernard l’hermite vient vous aider à condition de lui rendre service. Je n’ai entendu que trop tard ses remarques mais ses dialogues sont très drôles. Il vous demande de trouver des objets dignes d’un capitaine tel qu’un chapeau. Le problème est que celui-ci est à taille humaine : comment allez-vous faire pour le rapetisser ?

Je n’aurais jamais cru m’amuser avec un titre en réalité virtuelle. Tout dans A Fisherman’s Tale fonctionne à merveille, c’est une expérience à découvrir absolument. C’est quelqu’un qui ne trouve aucun intérêt à la VR qui vous le dit, c’est sûrement gage de qualité !

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Élevé à la sauce PlayStation, Thomas est un gamer touche à tout mais qui joue toujours à des anciens titres. Il partage cette passion depuis 2008 et est passé par toutes les cases, du blog à Dailymotion et même la radio pendant 4 ans. Il tente maintenant de faire découvrir ce milieu au plus grand nombre via TechArtGeek ou via des vidéos sur YouTube ou Twitch.

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